samedi 3 juillet 2010

Violences

Et voilà : comme prévu. On s'est énervés. On a crié. Et c'est nous qui apparaissons comme violents. C'est toujours la même histoire : quand on a pour soi la force des choses - et ils ont pour eux la force des choses, ils ont pour eux l'argent, les médias, le pouvoir - quand on a pour soi la force des choses, on n'a pas besoin de la force des mots. Nous n'avons pour nous que la force des mots et crions un peu fort, et nous parlons de révolution, et c'est nous qui paraissons donc agressifs. Alors que, jusqu'à maintenant, on n'a provoqué aucun suicide parmi le conseil d'administration de Casino, aucun suicide chez un patron du CAC 40, même pas une dépression à cause de nous chez un petit porteur. Eux, les actionnaires, oui : des suicides, ils en produisent par centaines, des dépressions par milliers. Et pourtant, voilà le paradoxe : c'est nous qui paraissons agressifs.

Tandis que résonne une salve d'applaudissements, Christophe me confie à l'oreille : « C'est fou, quand même, les actionnaires, tu leur dis que tu as failli crever, ils sifflent ! »

Dans Fakir, les articles sont écrits avec le coeur. Ainsi ce reportage sur la dernière assemblée générale du groupe Casino, à laquelle participaient des gens du journal (Fakir, comme Là-bas si j'y suis, ou d'autres méchants justiciers, est devenu actionnaire et peut donc jouer les grains de sable dans les pince-fesses habituellement réservés aux profiteurs) qui se sont emparés d'un micro et qui s'en sont donné à coeur joie.

C'est à lire, et à faire lire aux tièdes éternels, ceux qui ne bouent jamais contre les injustices et l’ultra-violence des assassins en cravate. Et en foutant au passage un grand coup de saton dans la télé, tiens, ça peut pas faire de mal.